Ça n'aura sans doute pas échappé à certains d'entre vous, mais le système monétaire et financier actuel, en plus d'être extrêmement complexe et sans doute impossible à saisir dans sa globalité, est générateur de méfiance - certaines mauvaises langues parlent même d'inégalités. On observe bien que la répartition de la monnaie est très déséquilibrée, et que l'écart entre très riches et très pauvres est gigantesque. Répondre exhaustivement à cette question est évidemment impossible, mais on peut tout de même se focaliser sur un point en particulier : comment fonctionne la création monétaire actuelle ? D'où vient l'argent qui circule ? Et bien, aujourd'hui, moins de 10% de la monnaie en circulation est sous forme de billets et de pièces, qui sont émis par les banques centrales, et plus de 90% est dite scripturale, c'est-à-dire la somme qui est inscrite sur votre compte en banque, ou sur le compte en banque de l'état français. Mais si cette somme ne correspond pas du tout à une réserve d'or ou à une montagne de billets dans le monde réel, d'où vient-elle ? Et bien elle est créée, comme l'essentiel de la monnaie aujourd'hui, par la dette. C'est pour cela que par la suite, on parlera de l'Euro ou du Dollar comme des "monnaie-dette".
Mais qu'est ce que ça veut dire concrètement ? En gros, les banques commerciales ont l'autorisation de "créer" de l'argent, ou pour dire autrement, de prêter de l'argent qu'elles n'ont pas. Lorsqu'une banque prête de l'argent à un état, elle ouvre le robinet, la baignoire se remplit. Au fur et à mesure que l'état rembourse cet argent, la baignoire se vide petit à petit, jusqu'à l'être complètement : on revient à l'équilibre. Or, on oublie ici que les banques demandent des intérêts sur cet argent. C'est le paradoxe des intérêts manquants ; il faudra alors qu'un autre crédit soit contracté afin de pouvoir rembourser les intérêts du premier, etc. En France, chaque année, on rembourse seulement une partie des intérêts de la dette publique ; ils s'élevaient à 46 milliards d'euros en 2013 tandis que la dette elle-même avait dépassé les 2.000 milliards ; elle ne sera bien évidemment jamais remboursée. Dans ce cadre, où il faut sans cesse contracter de nouveaux crédits pour rembourser les intérêts de l'ancien, il n'est pas étonnant que l'appel à la croissance continue, et l'on sait aujourd'hui que cela pose de nombreux problèmes, par exemple au niveau du développement durable... mais je m'égare, revenons à nos moutons.
La morale de cette petite histoire, c'est que la création monétaire est bien moins "sérieuse" qu'on ne pourrait le croire, et que les banques ont légalement le droit de faire à peu près tout et n'importe quoi, sans que les citoyens ne puissent intervenir ou donner leur avis. En ce sens, nous sommes dépossédés de notre monnaie, et n'avons que de très faibles axes de manœuvre.
Suite à ce constat, certaines personnes ont proposé de considérer la monnaie comme un Commun, au même titre que les logiciels libres dont on parle souvent dans cette émission. Pour rappel, un commun est une ressource partagée, gérée, et maintenue collectivement par une communauté ; celle-ci établit des règles dans le but de préserver et pérenniser cette ressource tout en fournissant la possibilité le droit de l'utiliser par tous. Il faudrait donc que la création monétaire soit l'affaire de tous ?
C'est ce que propose Stéphane Laborde dans sa Théorie Relative de la Monnaie, dont on aura l'occasion de reparler dans la suite de l'émission. En simplifiant à l'extrême, cette théorie propose une solution mathématique aux inégalités induite par la création monétaire actuelle, en garantissant en particulier :
Qu'aucun individu n'est privilégié par rapport à un autre, face à la création monétaire, à un instant t
Qu'aucun individu n'est privilégié par rapport à un autre parce qu'il est arrivé "plus tôt" dans la monnaie
Que chaque individu participe directement à la création monétaire ; en d'autres termes, chaque individu co-créée la monnaie
Ainsi, la création monétaire devient une affaire de citoyens et non de grandes structures ; elle est décentralisée et respecte les principes d'équité. Une telle monnaie est appelée monnaie libre - on y vient enfin - et c'est bien de monnaie libre dont on va discuter dans le reste de l'émission.
Adrien, LeBrice et Nicole et Jérémy, utilisateurs de la monnaie libre Ğ1, ont été interviewés par Rémi lors d'un Apéro Monnaie Libre à Paris en juin 2019.
Si j'utilise une monnaie libre comme la G1, alors :
Indice : Il y a deux bonnes réponses...
One Gets The Money par Guarapita (groupe auto-produit)
https://play.dogmazic.net/#song.php?action=show_song&song_id=1961
Licence CC BY-SA
Near death experience par Marker beacon (album Dead frequencies),
http://www.markerbeacon.org/?page_id=71
Licence CC BY-SA
Émission enregistrée le 16 septembre 2019 dans les locaux de Graf'hit.